Opéra

Meng Xianda aux 4 yeux  18 x 13 cm

Meng Xianda, main levée  23 X 27 cm

Hommage à Meng Xianda acteur  30 x 18 cm 2010

Meng Xianda aux étendards  16 x 22 cm

Opéra 2  27 x 23 cm

Plaque non encore aciérée

Enfant Garde  18 x 13 cm 2001
H.C.

Clown  18 x 13 cm 2001
H.C.

L’Opéra de Pékin

En janvier 2005, au MC93 de Bobigny, les jeunes élèves de l’Opéra de Pékin ont donné plusieurs représentations.
J’ai assisté à l’une d’entre elles. Située très en avant dans l’orchestre, j’ai remarqué dans la coulisse un homme, toujours vu de dos, aux proportions chinoises très caractéristiques. Les enfants, suite à leur démonstration se tournaient régulièrement vers lui afin d’avoir, de sa part, un certain acquiescement. A n’en point douter, c’était leur professeur dans la discipline. Vénéré et craint !

Lors d’un séjour au Tibet, l’année suivante, avec des amis nous rentrons par Pékin. Lors de la visite du quartier Hutong où se trouvent encore ces maisons traditionnelles à cour carrée, ici, l’une des façades est transformée en boutique et nous y faisons halte. Cerfs-volants et articles chinois y sont largement exposés. J’ai la certitude de connaître l’homme de cette boutique, de l’avoir déjà vu mais sans réussir à préciser dans ma mémoire quand et où. Je le lui dis. Il dément formellement et ce, à plusieurs reprises. Comme mes amis s’attardent dans leurs achats avec des explications de la part de sa femme, plus que charmante, pour les maniements des ficelles, je peux continuer à rassembler mes souvenirs, en tête à tête avec lui. C’est un homme affable et bienveillant que ma conviction surprend visiblement.
Soudain, je hurle « Bobigny » et lui de faire signe que oui, oui… et d’enchainer, à toute vitesse, des figures et mimiques caractéristiques de l’Opéra de Pékin qui me font pouffer de rire. J’emporterai dans mes achats, ses coordonnées.

Grâce au concours d’une amie originaire de Taïwan, une correspondance s’engage et nous apprenons à nous connaître. Je lui exprime mon souhait de posséder pour inspiration, des clichés de ses rôles dans l’Opéra. Sur Arte est diffusé en France un long reportage sur l’Opéra dans lequel il est très présent, autant auprès des élèves que de leurs parents car l’engagement dans la classe se fait très jeune et demande de réelles aptitudes. L’entrainement quotidien est rude. Il s’agit de Meng Xianda, professeur et acteur qui parle ici de son métier.

En 2008 je rentre du Tibet, suite au Losar à Labrang (Xiahe) et repasse par Pékin. Quand la voiture avec chauffeur s’arrête devant sa boutique, l’homme est surpris bien que prévenu de ma visite. Ce dernier veut s’assurer que c’est bien de moi dont il s’agit. Il m’amène alors dans l’arrière-boutique et me montre notre courrier bien rangé. J’acquiesce. Il me prend dans ses bras. Il m’a préparé des photos que j’emporterai et qui seront mes sources d’inspiration en même temps que la possibilité de l’hommage que je souhaite rendre à cet art qui n’a aucune considération particulière cependant en Chine mais fascine les Occidentaux !
Meng aura reçu la gravure du masque aux quatre yeux. Une légende ancienne d’un doux géant qui effrayait cependant un peu les enfants. Il m’apprendra que c’est son meilleur élève qui en a fait le maquillage comme une preuve d’entrainement.

Bobigny reprend un programme d’Opéra et Meng Xianda me prévient de sa prochaine visite en France ainsi que de son grand intérêt que nous partageons tous deux pour les brocantes. Avant sa venue, je reçois un appel de Pascale Wei-Guinot, qui est très proche déjà en tant que traductrice des acteurs ainsi que des programmes des spectacles donnés par l’Opéra de Pékin qui vient de rentrer à Paris et que je rencontre. En plus de cadeaux, celle -ci m’apporte une cassette dans laquelle, je réaliserai, avec beaucoup de difficultés, que Meng Xianda, très amaigri et méconnaissable, dans une cérémonie grandiose vient d’introniser en quelque sorte son meilleur jeune disciple Li Zifeng qui lui succèdera. Atteint d’un cancer, Meng devait décéder avant le prochain spectacle prévu au MC93.
Une « rencontre » magique qui me laissera dorénavant inconsolable !

Plus tard, lors de l’envoi de l’Hommage à Meng Xianda de 2010, son Père, lui aussi grand acteur d’Opéra, réputé pour ses dessins de masques, fera la remarque que les couleurs des tirages ne correspondent pas à celles des masques et des costumes. A moi de préciser que, en France, les libertés pour les artistes du choix des couleurs sont totales et cela, sans pour autant dénaturer le sujet évoqué.
J’entretiendrai une correspondance informatique en anglais avec son fils et sa famille un long moment.